Le printemps venu, les crapauds ne sont pas les seuls à chanter la liberté. Pour les amateurs de baseball et de balle-molle, la fonte de la neige et la vue du gazon sont également des signes que l’écho des premiers Play Ball va bientôt retentir sur les losanges.
Le national pastime de nos voisins du Sud n’a pas tardé à faire son apparition à Magog. Le va-et-vient entre le Québec et les États-Unis, particulièrement grouillant dans les régions frontalières comme la nôtre, favorise la diffusion de ce sport que l’on pratique dans les Cantons-de-l’Est dès la fin du XIXe siècle. Plus populaire que la crosse, pourtant considérée comme notre sport national estival, le baseball est vraisemblablement l’activité sportive qui compte le plus d’adeptes.
À Magog, on le joue à plusieurs endroits, notamment sur le terrain de la Dominion Textile, à proximité du pont Michigan, et au «cap», soit l’actuel stationnement désaffecté des anciennes usines de la C.S. Brooks, en biais de l’intersection des rues Principale Est et Saint-Pierre. Des équipes identifiées à l’usine (Grey, Prue, Print Works, etc.), une formule courante à l’époque, sont créées. Des joueurs défendent également les couleurs de la ville dans des circuits régionaux comme la ligue Stanstead qui, en 1937, réunit Beebe, Waterville, Ayer’s Cliff, Rock Island et Stanstead. Inspirés par l’artilleur Paul Bélanger, les Magogois remportent alors le championnat.
À l’occasion, des événements spéciaux sont aussi mis sur pied. C’est le cas en juillet 1929 et en août 1932 alors que des équipes itinérantes formées de joueurs américains de race noire, les Tigers de Boston et les Giants de Brooklyn, démontrent leur savoir-faire chez nous.
Au cours des années 1940 et 1950, la construction de nouvelles installations à la DT entraîne la disparition des terrains et l’apparition d’autres losanges, dont un à la pointe Merry, puis un autre sur la rue Saint-Luc (l’actuel stade Théroux). Les Tigers de Magog de la Ligue frontière de l’Est (Eastern Border Baseball League), une formation redoutable qui fait courir les foules, y disputent leurs parties locales.
Le prochain virage survient au milieu des années 1960, alors que l’on aménage le parc de l’Est dans le quartier Michigan. Avec son éclairage moderne, il devient rapidement un pôle de la vie sportive, accueillant des équipes de baseball mineur, mais aussi des ligues d’adultes qui évoluent au soft ball – ligue de la Cité, ligue Massawippi, etc. – et au slow pitch, avant que le lob pitch ne fasse son apparition à la fin des années 1970. Le terrain aussi l’hôte en 2013 que quelques parties présentées dans le cadre des Jeux du Canada.
Avec le stade Théroux (le centre névralgique du baseball mineur), les deux terrains du parc de l’Est, dont un pour le baseball, ceux du High School, du parc des Hautes-sources, du club Aramis, de la plage Municipale et d’Omerville, il se passe rarement un soir d’été sans que quelqu’un joue «à la balle» quelque part. Magog conserve également sa réputation au niveau de l’élite grâce aux Cubs qui, dans la seconde moitié des années 1980, font la pluie et le beau temps dans la Ligue senior des Cantons-de-l’Est.
Un peu de nostalgie avec ça ? Peut-être, considérant la baisse de popularité de ce sport au fil des ans et la disparition de certains terrains. Mais le cœur du baseball bat toujours. Et grâce à la contribution de ceux qui y ont été associés de près, il continuera encore longtemps de meubler les conversations des Magogois qui, inévitablement, tous les printemps, sentent encore monter en eux la fièvre du baseball.
Serge Gaudreau