Édouard H. Guilbert n’a que 30 ans lorsque les conseillers le désignent, le 18 janvier 1892, pour devenir le nouveau maire de Magog. L’âge du premier magistrat est déjà une nouvelle en soi puisque ses prédécesseurs, Alvin H. Moore et Giles P. Moore, avaient tous deux atteint la cinquantaine au moment de leur élection. Mais il y a plus. Une page d’histoire se tourne en effet avec l’élection de Guilbert qui devient le premier maire francophone de Magog. Cet événement constitue une reconnaissance de la place prépondérante prise par les Canadiens-français dans la ville où ils sont majoritaires depuis les années 1880. L’avènement à la mairie de ce commerçant de la rue Principale marque aussi le début de la politique d’alternance entre francophones et anglophones qui sera appliquée, d’abord avec rigueur, puis sur une base irrégulière, jusqu’au milieu des années 1930. Guilbert, qui restera en poste jusqu’en 1894, deviendra le 16 janvier 1900 le premier Magogois à revenir à la mairie après avoir effectué deux mandats consécutifs d’un an. Son retour sera cependant obscurci par la tumultueuse grève du textile de l’été 1900, marquée par l’intervention de la milice, et par un grave incendie qui décimera une partie de la rue Principale, le 19 avril 1901.
Référence : Jacques Boisvert, Édouard H. Guilbert, premier maire canadien-français de Magog, Le Progrès, 14 août 1989, p.5.