Le 8 avril prochain marquera le 75e anniversaire de la création de notre magnifique Parc du Mont-Orford. En effet, le 29 mars 1938, le ministre Onézime Gagnon présentait le projet de loi numéro 70 à l’Assemblée législative qui le sanctionnait le 8 avril suivant.
Madame Louise Brunelle-Lavoie dans une publication de 1988, à l’occasion du 50e anniversaire de la création du parc, s’exprimait ainsi : « Le parc du Mont-Orford est donc créé dans l’esprit d’un véritable parc national, un milieu naturel soustrait à toute exploitation commerciale, conservé au bénéfice des générations actuelles et futures ».
C’est grâce aux efforts soutenus d’un médecin de Magog, le docteur George Austin Bowen (1867-1943), que le rêve est devenu réalité. Originaire de Compton, il reçoit son éducation à la Coaticook Academy et fait ses études universitaires à l’Université McGill, qui lui décerne son diplôme M.D., C.M., en 1892. Permis d’exercice en main, il s’installe aussitôt à Magog. En plus de mener une pratique très active, le jeune médecin s’implique dans sa communauté et s’intéresse à la politique municipale. Membre du conseil municipal pendant quelques années, il est élu maire de Magog de 1910 à 1912.
Ses efforts s’échelonnent sur une période de près de vingt ans. Dès 1920, il réussit à intéresser différents intervenants à son projet de parc national en adressant la parole à maintes reprises à divers organismes régionaux et à des groupes de pression.
Le projet d’un parc national reçoit aussi l’appui de plusieurs municipalités et Chambres de commerce de la région. Les promoteurs du projet trouvent une oreille attentive et un ardent allié dans la personne de Louis-Arthur Giroux, avocat de Cowansville et nouveau conseiller législatif. L’acquisition de terrains s’impose et le milieu participe financièrement à cette première étape à franchir. À ce chapitre, Bowen est appuyé par Laurent Degré, maire de Magog de 1936 à 1938. Celui-ci visite 48 municipalités, dont 27 souscrivent un montant total de près de 25 000 $ comme contribution à l’achat de terrains par le gouvernement. Le contexte économique et la crise de la fin des années 1920 ralentissent l’exécution du projet qui voit le jour en 1938.
La loi sanctionnée le 8 avril 1938 met la table pour l’aménagement du parc et l’organisation d’activités récréatives. Dès 1939 : le Magog Curling and Social Club loue du gouvernement provincial le terrain nécessaire à la construction d’un terrain de golf de 9 trous. Le gouvernement y construit un chalet et, en avril 1940, chalet et parcours sont prêts à recevoir les golfeurs.
Dès décembre 1938, le Club de ski de Magog, fondé par Robert Brien, tient sa première réunion et lance l’ouverture de la saison de ski. Peu de temps après, le dentiste Marston E. Adams réorganise le ski en créant le Mount Orford Ski Club, sous la présidence d’Arthur W. Ling, gérant local de la Banque de Montréal. En août 1940, Adams invite Herman Smith-Johannsen (Jackrabbit) à venir déterminer des tracés de pistes. Un câble est d’abord utilisé comme remonte-pente sur le Mont-Giroux jusqu’en 1958, puis est remplacé par un T-bar. En 1961, un télésiège double est installé sur le Mont-Orford et les améliorations des pistes et des remontées mécaniques continuent jusqu’à ce jour. Il en est de même pour le chalet de ski dont le premier, en 1942, est construit à partir de matériaux provenant d’un vieux camp de bûcherons. En 1955-56, la route est enfin prolongée jusqu’au sommet d’Orford.
Marston Adams, fondateur du Mount Orford Ski Club, 1947 (Photographe inconnu, Fonds Maison Merry, coll. SHM)
Au cours des années 1940, d’autres organismes de loisirs s’organisent. En 1953, une colonie de vacances pour les enfants défavorisés est ouverte par la Société de réhabilitation. Au début des années 1950, le camp des Jeunesses musicales du Canada occupe les installations laissées vacantes par la Société de réhabilitation et donnera naissance au Centre d’arts Orford.
Les années 1970 verront les pistes de ski de fond se développer. Les activités de camping verront le jour aux lacs Stukely et Fraser et les activités récréatives se multiplient rapidement. Certaines des activités qui s’y pratiquent, notamment le ski alpin, connaissent encore des moments difficiles. L’avenir du parc a fait l’objet d’audiences publiques à plus d’une reprise, afin d’en définir la vocation.
Ce parc du Mont-Orford, passé d’un lieu de récréation régional en milieu naturel à un lieu de récréation provincial, demeure encore aujourd’hui, après 75 ans d’existence, un joyau à préserver, dont nous pouvons être fiers.
Maurice Langlois