Les années 1960 et 1970 ont été propices aux longues carrières politiques. Jean Drapeau régnait en maître à Montréal et Maurice Théroux était réélu à plusieurs reprises à Magog. Le Canton de Magog n’a pas été en reste. De 1957 à 1975, le maire Edgar Bournival a en effet été la figure de proue de l’administration municipale. Au cours de cette période, celui-ci s’est vu accorder pas moins de neuf mandats consécutifs par ses électeurs ! Tenant compte du fait que les mandats duraient deux ans à l’époque, contre quatre aujourd’hui, il s’agit d’un record pour un maire qui ne sera probablement jamais battu.

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Edgar Bournival voit le jour à Saint-Barnabé Nord –près de Saint-Hyacinthe- , le 12 août 1907. Arrivé à Magog, il travaille, comme la majorité de ses concitoyens, dans les usines de la Dominion Textile. Au fil des ans, il occupe différents postes, notamment ceux de journalier, de mécanicien et de contremaître. Dans leur domicile de la rue Stanley, lui et son épouse, Marie-Jeanne Lampron, fondent une famille qui compte trois enfants : Claude, Fleurette et Claudette.

Son intérêt pour la politique amène Bournival à poser sa candidature en janvier 1946 comme conseiller du quartier 5. Les électeurs de ce secteur ouvrier lui expriment leur confiance en l’élisant par acclamation. Deux ans plus, ils récidivent en le réélisant sans opposition.

En 1950, Edgar Bournival se considère prêt à briguer la mairie. Toutefois, trois «grosses pointures» de la politique locale sont aussi sur les rangs, soit Ernest Simard, Colin C. MacPherson ainsi que le maire sortant, Maurice Théroux. Nettement défait, il tente de réintégrer le conseil en 1953 et 1956. Mais cette fois, c’est sans succès.

Une carrière politique qui semble un moment compromise, va connaître un nouveau rebondissement l’année suivante. Propriétaire d’un chalet et de terrains dans le Canton de Magog, -secteur Venise- , Bournival décide de poser sa candidature à la mairie du canton. Comme ce fut le cas pour ses deux prédécesseurs, Hazen C. Bryant et Armand Provencher, personne ne décide de se présenter contre lui. Vainqueur par acclamation, Edgar Bournival entreprend, le 10 juillet 1957, un passage prolongé à la mairie du Canton de Magog qui durera jusqu’en 1975.

Au cours de ces 18 années, le territoire change considérablement. La population aussi. Entre 1956 et 1971, celle-ci passe de 1229 à 3147 habitants. Il s’agit d’une croissance de 156% contre environ 7% à Magog pour la même période. Du nombre, on compte encore plusieurs habitants saisonniers qui possèdent des chalets. C’est le cas de Bournival lui-même. Mais le pourcentage de gens qui travaillent dans la région et ont leur domicile permanent dans le canton est aussi en progression.

Pour répondre à ces besoins à la hausse, Edgar Bournival ne ménage pas les heures. Après son travail de nuit comme contremaître dans la salle des métiers à tisser, il s’assure de vaquer tous les jours à ses occupations de maire. Malgré la rétribution plutôt symbolique qu’il reçoit à l’époque pour ses services, il se tient au fait de chaque dossier, parcourant avec assiduité les chemins du canton qu’il connaît comme le fond de sa poche. Politicien au sens aiguisé, il ne néglige pas non plus de faire un brin de jasette à ses électeurs.

Ceux qui l’ont connu se souviennent bien du maire Bournival. Homme de petite stature qu’un journaliste décrit comme «ayant toujours le sourire au coin des lèvres», le premier magistrat est un personnage énergique dont la passion pour la chose publique semble intarissable. Sa gestion prudente semble répondre aux attentes de ses concitoyens puisqu’il sera toujours réélu sans opposition, sauf en 1961 alors qu’il remporte une victoire facile contre Edward Bonn.

C’est sous Edgar Bournival qu’au début des années 1970 le Canton de Magog fait l’acquisition de l’ancienne école François-Hertel qui devient son premier hôtel de ville. Le bâtiment, toujours existant, abritera bientôt les policiers de la ville de Magog unifiée.

Miné par des problèmes de santé, Edgar Bournival annonce son retrait de la vie politique en 1975. Il décède le 22 décembre 1976.

Serge Gaudreau

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