Il est pour le moins étonnant qu’un commerce familial, mis sur pied il y a plus de 65 ans, ait réussi à survivre à une compétition féroce de la part des grandes surfaces. J’ai eu le plaisir de rencontrer dans son bureau Rosaire Roy, un homme d’affaires de 90 ans qui a réussi l’exploit. L’homme est humble, discret et n’aime pas être sous les réflecteurs et que l’on parle de lui. Il est honnête, généreux, et il n’a rien perdu de son humour qui l’a toujours caractérisé. Il a la répartie facile, demeure très actif et fréquente encore deux fois par jour le commerce qu’il a mis sur pied il y a bientôt 66 ans.
Rosaire Roy est né à Ascot Corner le 5 février 1923, de l’union de Louis Alphée (Nelpha) Roy et de Laura Faucher. Il est le 3e d’une famille de 7 enfants, dont une fille décédée en jeune âge. Alors qu’il est encore enfant, son père, qui est chef de gare à Ascot Corner, est muté à Beaulac-Garthby, où Rosaire passe son enfance et son adolescence.
Une fois sa scolarité complétée, Rosaire occupe plusieurs emplois : il travaille dans un magasin général, un moulin à scie et dans un garage. C’est au cours de ce dernier emploi qu’il décide d’entreprendre des études en électricité et en réparation d’appareils radio. En 1945, il s’inscrit au Canadian School of Electricity, à Montréal. De plus, il s’inscrit à des cours en radio chez un professeur de l’Université de Montréal maintenant à la retraite. À Garthby, le 29 avril 1946, il épouse Rita Lafrance, et ils retournent vivre à Montréal afin que Rosaire termine ses études.
En septembre 1947, muni de son brevet en électricité, Rosaire Roy s’installe à Magog au 209, rue St-Patrice Est, à l’est de la voie ferrée du Canadien Pacifique, sous la raison sociale de Roy Radio Service. On le prévient qu’il y a une quinzaine de compétiteurs dans ce domaine à Magog, mais la compétition ne l’effraie pas. Il se limite à la réparation et ne s’implique pas dans la vente d’appareils radio. Le couple élève 3 enfants: France, Daniel et Ghislain.
En 1953, quand la télévision fait son apparition à Magog, Rosaire décide de parfaire ses études dans ce domaine. À cette fin, il se rend à Montréal tous les mardis pour y suivre des cours. En 1954, il quitte le local de la rue St-Patrice Est et emménage sur la rue Principale Ouest pour une brève période, face au commerce d’Ovila Pomerleau, dans un immeuble qui sera plus tard détruit par un incendie et jamais reconstruit.
L’année suivante, il se relocalise au 335, rue Sherbrooke, à l’emplacement aujourd’hui occupé par le centre d’achat IGA-Jean Coutu. L’installation d’antennes de télévision occupe maintenant une importante partie de son temps. Alors qu’il a toujours été locataire, il estime que le moment d’acheter est arrivé. En 1973, il se porte acquéreur du 744, rue Principale Ouest, site antérieur d’un Canadian Tire.
Il y a donc 40 ans que Roy Radio TV est au service de sa clientèle à cette même enseigne. Quand on lui demande quelle a été la recette de cette réussite, Rosaire Roy répond sans hésiter, « le service à la clientèle et la qualité de mes employés ». En effet, son beau-frère, Armand Gaudreau, y a oeuvré pendant plus de 50 ans, et Claude, le fils de ce dernier, a quelque 35 ans de service. Et finalement, son fils Ghislain, à qui il a transmis la direction du commerce il y a plusieurs années, poursuit dans la tradition de cette entreprise familiale.
Maurice Langlois, Société d’histoire de Magog