L’Anthemis a été le premier et le dernier vapeur à hélice à offrir au public des croisières sur le lac Memphrémagog. Il avait été construit à Magog en 1909, au coût de 10 000 $ par Edward Goff Penny, bourgeois de Montréal qui possédait une résidence secondaire à Georgeville. Les travaux avaient été faits sous la supervision du capitaine Joseph Sampson de North Hatley, qui en fut le premier capitaine.
Bateau à deux ponts, dont la coque était faite de bois, l’Anthemis mesurait près de 100 pi. de long et 17 de large, et il pouvait accueillir jusqu’à 300 passagers. Le moteur, d’une puissance de 150 c.v., ainsi que la bouilloire fonctionnant au bois, provenaient de la compagnie Beauchemin Ltée de Sorel.
Le vapeur Anthemis, à l’escale au pied du mont Owl’s Head, vers 1915. (Carte postale coloriée, coll. SHM)
La mise à l’eau a eu lieu à Magog, le samedi 15 mai 1909. L’Anthemis assurait la liaison entre Magog et Newport et parcourait la distance, aller seulement, en trois heures environ. Il accostait aux principaux quais situés sur les deux rives du lac, pour y laisser ou y prendre des passagers et des marchandises. Il a navigué amicalement avec le Lady of the Lake entre 1909 et 1915, l’année où ce dernier a cessé ses activités.
Après quelques années d’opération, Goff l’a vendu à James B. Woodyatt, président de la Southern Canada Power. Le capitaine Alexander Clark, un marin de Terre-Neuve, en a fait l’acquisition en 1918, et l’a piloté lui-même jusqu’en 1947, alors qu’il l’a vendu à la Memphremagog Ferry Company, propriété de M. Maurice Vaillancourt et du docteur Raphaël Beaudry, deux hommes d’affaires magogois.
Environ tous les trois ans, il était sorti de l’eau et mis en cale sèche dans une petite baie située au nord de Georgeville, où l’on procèdait à l’entretien requis. Cette baie porte aujourd’hui le nom « Baie de l’Anthemis ». Le cabestan, utilisé pour le sortir de l’eau et tiré par des chevaux, a été retrouvé par Jacques Boisvert, qui en a fait don à la Société d’histoire de Georgeville.
En 1923, la coque qui avait été construite d’orme a dû être reconstruite à neuf, en chêne cette fois, ainsi que le toit du pont supérieur. De nouveau en 1938, le capitaine Clark le soumettait à des réparations majeures.
Au cours des années 1940-1950, l’Anthemis effectuait des excursions au clair de lune, fort appréciées par les adolescents et jeunes adultes. Un orchestre agrémentait ces romantiques croisières nocturnes.
Le Anthemis avec ses passagers en croisière sur les lac Memphrémagog, vers 1945.
En 1949, alors que la Memphremagog Ferry Co. en est propriétaire, l’Anthemis échoue sur des rochers en quittant le quai de Georgeville et subit des dommages considérables. En 1951-52, il est vendu à Bruce Kerwin de Knowlton qui procède à des réparations majeures, dont une reconstruction de la coque par des experts des chantiers maritimes de Lévis, et l’installation de gicleurs. Kerwin l’opère environ une année et c’est la fin, pour le seul bateau à vapeur à hélice à avoir offert des croisières au public.
Une photo prise à l’automne 1953 montre le bateau incliné dans une position très inconfortable au quai de Magog. À l’été 1955, Colin C. MacPherson procède à son démantèlement pour la ferraille. Dans un article du Montréal Star du 4 novembre 1955, MacPherson écrit ce qui suit (traduction libre) : « C’est à l’été 1955 que l’Anthemis a dû être démoli et sorti de l’eau en pièces ». Il ajoutait qu’environ le quart de la coque était demeuré au fond de l’eau.
C’est vraisemblablement à cet endroit que Jacques Boisvert a récupéré une ancre du bateau, qui pèse 110 livres et qui a été cédée à la Société d’histoire de Magog. C’est un des nombreux objets de l’imposante collection d’artefacts que Jacques a retrouvés au fond du lac Memphrémagog.